Un traumatisme fait référence à une blessure qui dépasse la capacité d'adaptation normale d'une personne, que ce soit au plan physique ou psychologique. Les mécanismes naturels et spontanés de guérison, du corps ou de l'esprit, sont alors insuffisants pour permettre un retour à la normale ou la récupération d'un fonctionnement adéquat et indolore sans aide extérieure.
Il faut alors une intervention extérieure (par exemple chirurgie ou psychothérapie) pour aider la personne à guérir et à retrouver ses moyens.
Au plan psychologique, le traumatisme survient donc lorsque nos capacités normales d'adaptation ont été dépassées par une situation ou un contexte. Notez bien qu’il ne s’agit en aucun cas de faiblesse chez la personne et vous ne devriez pas en avoir honte. Personne, par exemple, ne sortirait indemne et sans os fracturés, voire écrabouillés, si l’on mettait son bras dans un tordeur ou s’il se retrouvait sous les roues d’un camion.
La perception et l'émotion qui s'ensuivent peuvent alors rester comme figés dans le temps, tels quels. Ils se réactivent, malgré nous, lorsque survient une situation présentant de près ou de loin des caractéristiques que le cerveau jugent similaires à l'événement qui l'a dépassé.
Ces situations engendrent alors des symptômes variés très incommodants qui vont différer d'une personne à l'autre: émotion intense, anxiété, mécanismes de défense, cauchemars, flashbacks visuels ou émotionnels, réactions de stress intenses, etc.
Il importe de savoir qu'il existe plusieurs catégories de traumatismes ceux-ci affecteront différemment la personne. De plus, le traitement EMDR agira différemment selon le type de traumatisme pour lequel la personne consulte.
1. TRAUMATISME SIMPLE
Un traumatisme simple réfère à un événement négatif majeur unique, comme un accident de voiture, un cambriolage, un abus ponctuel ou une catastrophe naturelle.
Il y a un «avant» fonctionnel et sans problème et un «après» symptomatique que l'on contrôle peu ou pas. De plus, les réactions traumatiques peuvent ne surgir que plusieurs années après le traumatisme, que celui—ci soit simple ou complexe.
Dans le traitement EMDR d'un trauma simple, la personne devrait normalement retrouver le fonctionnement qu'elle avait «avant» l'événement: ni plus, ni moins. Une fois intégré dans l'histoire de vie, le souvenir de l'événement demeurera, mais sans générer de dysfonctionnement ou de symptômes psychologiques incommodants. Il sera intégré dans l’histoire de vie au même titre que tous les autres événements de vie.
Évidemment, Intégrer cet événement pourrait aussi amener la personne à modifier certaines façons de voir ou de faire afin que dorénavant, celles-ci soient plus réalistes et / ou sécuritaires.
2. TRAUMATISME COMPLEXE
Un traumatisme complexe réfère à une expérience négative majeure dont l'impact s'est complexifié, que ce soit à cause d'une répétition, de la durée du contexte, parce que l'événement a eu des impacts à plusieurs niveaux ou dans plusieurs sphères de vie.
Un traumatisme devient aussi complexe lorsque s'ajoutent des traumatismes secondaires. Ces derniers surviennent en conséquence de l'événement majeur. C’est le cas lorsque, par exemple, la personne fait face à une adversité supplémentaire consécutive à l'événement, à cause de celui-ci.
Un exemple de traumatisme secondaire : une femme victime de viol qui, par la suite, n'est pas crue par les policiers, subit le jugement des intervenants vers lesquels elle s’est tournée pour de l'aide ou de la part de ses proches, perd son emploi consécutivement à l’événement, lorsqu’on la considère comme responsable à cause de son habillement, si la difficulté à surmonter l’épreuve vient à bout de son couple, etc.
Plusieurs types d’événements ou contextes traumatiques peuvent ainsi rapidement se complexifier, dont les agressions sexuelles et tous les types de harcèlement psychologique, au travail ou dans la vie privée.
Les personnes aux prises avec des traumatismes complexes présentent le même éventail de symptômes et de problèmes psychologiques que lors de traumatismes simples. Néanmoins, les impacts psychologiques sont beaucoup plus persistants et profonds, atteignant souvent les fondements même de l’identité de la personne et sont alors beaucoup plus longs et délicats à traiter. Chaque impact significatif sur la personne doit être traité comme une cible traumatique différente, en plus de devoir reconstruire l’identité même de la personne.
3. TRAUMATISME DÉVELOPPEMENTAL
Ce type de traumatisme concerne les personnes ayant grandi dans un contexte de relations interpersonnelles toxiques répétées et prolongées. Il peut s'agir d'abus physiques, sexuels ou émotionnels/psychologiques récurrents, de négligence, d'exposition à la violence domestique ou communautaire, d'une séparation hautement conflictuelle des parents qui perdure dans le temps, de grande instabilité familiale, etc.
Ces traumatismes interfèrent avec le développement normal de l'enfant et l'empêchent de développer toutes les ressources psychologiques normales, adéquates et nécessaires pour mener une vie adulte fonctionnelle et satisfaisante (estime de soi, autonomie affective, etc.).
Dans ces cas-là, l'EMDR agit un peu comme si on enlevait le frein à main qui empêche une voiture d'avancer. La personne retrouvera une certaine liberté et mobilité psychologique, mais le traitement ne remplacera pas le développement affectif, social ou autre que l'enfant n'a pas pu faire.
L'EMDR doit alors être utilisé au-travers d'une psychothérapie qui favorisera ce développement dans les domaines qui ont été affectés par le contexte de croissance inadéquat.
En résumé, la différence entre un traumatisme simple et un traumatisme complexe ou développemental réside dans la durée, la fréquence et la nature répétitive ou additionnelle des expériences traumatisantes, ainsi que l'âge auquel la personne y a été exposé et les impacts, simples ou multiples, découlant du traumatisme.
Le traitement EMDR aura alors une efficacité différente et s'échelonnera sur une plus longue durée. Ce sont des situations ou le thérapeute devra avoir plus d'un outil dans son sac!